Patrimoine industriel

Chronologie du développement industriel

Issue du premier volet d'un vaste projet de recherche et de mise en valeur du patrimoine industriel, cette ligne du temps résume les grandes étapes du développement industriel à la Baie-James. 

Bien que non exhaustive, cette chronologie se veut d'être un outil pratique et accessible au public, pour s'initier à l'histoire régionale à travers les industries qui l'ont forgée. 

Ce projet a été réalisé grâce au soutien de la Société du Plan Nord

 

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Portrait des industries de la Baie-James

Afin de faire bénéficier au public les résultats de nos travaux, l'équipe de la SHBJ partagera les dossiers de recherches réalisés au fur et à mesure de l'avancement de ce projet. 

Industrie minière

Mine Obalski

Mine Obalski

Par Sébastien Girard-Lindsay

Cette fiche est aussi disponible sur l'encyclopédie libre Wikipédia. 

 

Type d’industrie : mine d’or et de cuivre

Coordonnées : 49.8723 N., 74. 3923 O.  

Région : Chibougamau, Canton Obalski

 

Personnage fondamental en lien avec l’infrastructure 

La mine Obalski est intimement associée au premier inspecteur des mines du Québec, Joseph Obalski (1852-1915). Obalski est responsable de l’application de la première loi sur les mines adoptée en 1880 par le gouvernement de Joseph-Adolph Chapleau. Ingénieur minier originaire de Bretagne, sa venue témoigne d’une politique de rapprochement du Québec et de la France enclenchée par l’administration Chapleau (Québec, 2012). À la lumière de l’analyse des échantillons prélevés par Peter Mckenzie en 1904 sur l’île Portage, il exprime son intime conviction que le nouveau district minier de Chibougamau sera appelé à jouer un rôle important dans l’avenir industriel de la province (Landreville, 2009; Wilson, 1952). Obalski et Mckenzie fonderont une compagnie minière en 1905 (i.e., Obalski Mining Co.) pour explorer davantage ce potentiel qu’ils ont relevé sur le territoire chibougamois. 

 

Description historique de l’infrastructure

Le premier chevalement d’extraction du district minier de Chibougamau est érigé pour exploiter la mine Obalski en 1946, située en bordure du chemin Campbell à environ 4 kilomètres de la ville de Chibougamau. Plus de 90 000 tonnes de minerais ont été extraites à 3g/tonnes courte. Déjà en 1908, des travaux d’exploration sont effectués sur le site. En 1928, la Obalski-Chibougamau Mining façonne des tranchées pour délimiter les principales veines minéralisées (MERN, 1986). En 1929, la Obalski Mining Co. poursuit les travaux d’exploration et fore un sondage de 1818 mètres. Devant des résultats qu’elle juge prometteurs, la même compagnie débute le sondage pour un puits d’une profondeur de 83 mètres (MERN, 1986). L’exploitation du gisement débute en 1946 alors que la nouvelle compagnie Obalski Ltd complète le forage du puits à 84 mètres de profondeur et creuse 243 mètres de galeries au niveau de 38 mètres et de 76 mètres. En 1964, l’exploitant devenu United Obalski Mining Co. conclut une entente avec la Merril Island Mining Corp. pour faire traiter le minerai extrait jusqu’en 1966. C’est lors de ces deux années que l’essentiel de la production sera effectué (77 643 tonnes). En 1972, seulement 337 tonnes sont retirées de la zone G. Les Mines Camchib inc. procèdent à l’acquisition de la concession minière en 1982 et procèdent en 1983 à l’extraction de 1300 t de minerai. La mine cesse ses activités en 1985 (MERN, 1987). 

 

Valeur patrimoniale de l’infrastructure

Cette industrie constitue la première mine en exploitation sur le territoire chibougamois et constitue un objet d’analyse pertinent pour tracer la trajectoire de l’histoire économique de la région. D’abord, cette mine est nommée en l’honneur du premier inspecteur du Service des mines du Québec. Ce fonctionnaire était responsable d’appliquer le premier programme d’intervention cohérent du gouvernement québécois en matière d’exploitation des mines (Vallières, 2012). Ensuite, l’infrastructure rappelle la centralité du complexe minier de l’île Merril, qui joue un rôle fondamental dans les opérations minières du camp Chibougamau-Chapais. Finalement, la mine dispose d’une taille très modeste. Il s’agit de la mine dont le puits est le moins profond du camp minier Chibougamau-Chapais, démontrant le contexte d’exploitation des mines de l’époque. 

 

Obalski 1939

Chevalement de la mine Obalski, 1939. 
SHBJ, P5, S2, SS4, D12, P1 

 

Références 

  • Landreville, Maude. 2009. Oujé-Bougoumou : L’avènement d’un village cri. Université du Québec à Montréal. Montréal. 
  • Québec. 2012. Des mines et des hommes : Histoire de l’industrie minérale québécoise – Des origines à Aujourd’hui. MERN. Québec.  
  • Québec. 1984. Visite de la mine Obalski. MERN. 
  • Wilson, Larry. 1956. L’appel de Chibougamau : L’histoire d’une région minière du Québec. Montréal. 

 


Industrie forestière

Granule 777

Granule 777

Par Sébastien Girard-Lindsay

 

Propriétaire(s) : Yan Sellin

Coordonnées : 48.45824, -77.18243

Localisation : Eeyou Istchee Baie-James

Dates : 2017 jusqu’à maintenant

 

Contexte historique

Produit Forestier Chapais est la première entreprise à ériger en 1974 une scierie à 10 km de la municipalité de Chapais, sur le territoire de la municipalité de la Baie-James. En raison de problèmes financiers et de la chute du prix du bois d’œuvre, cette activité ne sera que de courte durée puisqu’un an plus tard, en 1975, PFC vend ses actifs aux Entreprises Barette, qui deviendront plus tard Barrette Chapais (Girard, 2012). Dans les années 1980, Barrette s’impose comme le plus grand producteur de bois d’œuvre de l’est du Canada (Girard, 2012). Toutefois, c’est le processus de diversification économique du producteur de bois d’œuvre et sa migration vers un modèle d’économie circulaire au courant des années 2000 qui intéresse la présente note de recherche. L’économie circulaire se définit comme « un système de production, d’échange et de consommation, visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités (Québec, 2023). Barrette Chapais s’est notamment intégrée dans le modèle d’économie circulaire de la ville de Chapais, en valorisant les résidus de bois issus de la scierie par la production de granules. 

D’abord présenté par l’entreprise Rentech en 2014, Barrette-Chapais Ltée décide de reprendre en 2017 le projet d’usine de production de granules de bois, pour valoriser les divers résidus de transformation du bois (sciures, rabotures, écorces) en les transformant en granules. Ces résidus sont tenus ensemble, soit par un procédé de compression ou en les liant (Comex, 2018). L’objectif de l’entreprise est avant tout de diversifier ses  activités en optimisant la gestion des extrants industriels (Comex, 2018). En effet, à l’image de l’économie des ressources naturelles, la demande en matière ligneuse tend à fluctuer au fil des années. L’intégration d’autres produits dans les activités de la scierie vise donc à stabiliser ses profits (Cools, 2019). Barrette Chapais met sur pied l’entreprise Granule 777 en 2017 pour encadrer les opérations de production. L’usine dispose depuis son ouverture en 2019 d’une capacité de production de 210 000 tonnes annuellement (Comex, 2018). Il s’agit de la plus importante usine de production de granule de l’est du Canada (Cools, 2019) Deux dômes de 130 pieds ont été érigés au coût de 17 M$ de dollars sur le site du port en eau profonde de Grand-Anse à Saguenay pour entreposer les granules (Gauthier, 2020). Ces infrastructures ont une capacité d’entreposage de 22 000 tonnes. Pour acheminer les granules vers le Saguenay, 20 à 25 camions par jour font le transit à partir des installations de Chapais (Gauthier, 2020). Les produits sont par la suite exportés à destination des marchés européens de la bioénergie (Cabinet du ministre de l’Économie et de l’Innovation, 2018). La production de cette biomasse vise notamment à remplacer le charbon utilisé par la plus puissante centrale électrique anglaise, la centrale Drax au Royaume-Uni, qui a signé un contrat d’approvisionnement 7 ans avec Granule 777 (Gauthier, 2020).

 

Production

Production de 210 000 tonnes de granules par année

 

Références 


Infrastructures

Route 167

Route 167

Par Sébastien Girard-Lindsay

 

Contexte de découverte, instigateur ou propriétaire

Au début du XXe siècle, dans un contexte où les limites de l’État québécois s’étendent plus au Nord (voir les lois de 1898 et 1912 sur l’extension des frontières du Québec), les gouvernements fédéral et provinciaux cherchent à faciliter l’accès aux gisements miniers de la région de Chibougamau. Les rapports géologiques successifs produits par la Commission géologique du Canada (1871, 1905) et par le premier inspecteur des mines du Québec Joseph Obalski (1904) motivent de plus en plus les prospecteurs à vouloir faire des séjours prolongés, de même que des travailleurs de l’industrie forestière qui suivent eux aussi le déplacement de la frontière nordique de l’exploitation des ressources. La Compagnie de la Baie d’Hudson s’adapte au développement de ces nouvelles infrastructures routières et ferroviaires pour ses activités commerciales, mais l’industrie de la traite des fourrures s’effacera complètement dans la deuxième moitié du XXe siècle au profit de l’exploitation des forêts et des mines.

C’est en 1909 que le gouvernement du Québec consent à faire construire une route d’hiver reliant la ville de Saint-Félicien au bassin hydrographique du Lac Chibougamau, avec la force des chevaux. Une subvention de 10 000$ est attribuée à cet effet. Ce nouveau lien permet de réduire de 30 kilomètres le chemin parcouru par les Autochtones et emprunte approximativement le même tracé que l’actuelle route 167. Seul le dernier segment vers Chibougamau est modifié (Frenette, 1985, p. 23). Des pressions importantes se font sentir sur le gouvernement de Lomer Gouin de la part des acteurs industriels pour qu’un chemin de fer puisse relier le Lac-Saint-Jean et l’Abitibi à Chibougamau. En 1911, le chemin de fer se rend jusqu’en Abitibi, ce qui augmente le flux migratoire et permet un programme de colonisation plus intensif par les autorités gouvernementales (Landreville, 2009). Ce développement majeur entraîne l’abandon par la Compagnie de la Baie d’Hudson de la route de Rupert pour la route de l’Oskelaneo (Landreville, 2009). En 1910, le gouvernement de Lomer Gouin met sur pied la Commission minière de Chibougamau pour évaluer le potentiel de développement des ressources minérales de la région. Lors de son rapport en 1911, l’institution ne recommande toutefois pas la construction d’une voie de chemin de fer en raison de l’éloignement des gisements potentiels par rapport à d’autres ressources minérales plus accessibles au sud et les caractéristiques du sol qui rendent complexe la recherche de spécimens (Frenette, 1985). 

L’édification du lien routier permet à partir de 1934 jusqu’en 1936 l’établissement d’une bourgade minière autour du lac aux Dorés, avec l’installation d’un bureau de poste et d’un service de téléphone intercamp. On compte alors environ 1000 personnes à la frontière coloniale (Wilson, 1956). Le poste de traite la CBH établi en 1929 sur la péninsule Gouin est alors d’une importance capitale, puisqu’au centre de l’ébullition des activités minières (Frenette, 1985). La bourgade s’effondre cependant avec la Seconde Guerre mondiale. Wilson s’exprime en ces termes : « Lorsque Hitler chausse ses bottes de sept lieues, le Chibougamau tombe dans un sommeil cataleptique (Wilson, 1956, p. 17). » Suivant la guerre, l’intérêt pour Chibougamau reprendra, pour de bon cette fois. En 1946, la première exploitation minière d’envergure sur le chemin Campbell débute avec la mine Obalski. L’apparition de ce chevalement sur le Lac aux Dorés avec des galeries à 520 pieds sous terre signale la reprise des activités minières qui ne se feront pas cette fois interrompre par la conjoncture internationale. 

En 1947 débutent les travaux pour la construction de la voie routière en gravier reliant Saint-Félicien à Chibougamau, sur recommandation du sous-ministre A.O. Dufresne. Le tronçon est nommé boulevard Onésime-Gagnon en l’honneur d’un homme politique de l’administration Duplessis et lieutenant-gouverneur du Québec de 1958 à 1961 (Frenette,1985; Québec, 2015). La route est achevée en 1949. La CBH commence à y faire transporter les provisions destinées à son poste de Mistissini la même année. La route d’Oskélanéo sera donc abandonnée à la faveur de ce nouveau lien terrestre (Frenette, 1985, p. 71).  Cette route devient achalandée rapidement pour différents besoins économiques. En 1963, plus de 360 véhicules l’empruntent chaque jour, notamment pour l’exploitation des ressources naturelles et le tourisme. Des camps de bûcheron se positionnent par exemple le long du tracé de la route. En 1967, 7 moulins de préparation de bois acheminent 45 000 cordes de bois de papeterie pour se faire transformer dans les usines de pâte et papier du Lac-Saint-Jean (Chambre de commerce de Chibougamau, 1963, P33-S4SS4SSS9SSSS3, D1). Toutefois, les conditions routières exécrables posent un problème de sécurité publique, à tel point que la ville de Chibougamau fait parvenir une lettre à René Lévesque, alors ministre des Ressources naturelles, pour déplorer cette situation et demander l’asphaltage de la route. Devant l’inaction des gouvernements, une partie de la population de Chapais et de Chibougamau vont bloquer la route 167 au millage 45 pour exiger l’asphaltage jusqu’à la Doré (Girard, 2012). L’appel de la population est finalement entendu lorsque le gouvernement du Québec achève l’asphaltage de la route en 1976. 

En 2011, le gouvernement du Québec conclut une entente avec la minière Stornoway pour prolonger la route 167 vers le Nord, jusqu’aux monts Otish. Le certificat d’autorisation pour construire le nouveau lien routier est délivré par le Comex en 2012. Cette route s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan Nord et de la Stratégie de transport du Nord-du-Québec. L’objectif de cette route est de faciliter l’accès au territoire et aux ressources naturelles  notamment en permettant l’accès au projet diamantifère Renard de Stornomay (Québec, 2023). Le projet s’achève en 2013 (Loisel, 2013).

 

Valeur patrimoniale ou économique

Cette route est fondamentale, puisqu’elle permet de relier la région du Lac-Saint-Jean à Chibougamau et ouvre l’accès à l’exploitation des mines et des forêts sur le territoire de la Chibougamau. Son prolongement dans sa portion Nord s’inscrit dans cette même logique, en reliant Chibougamau avec la Témiscamie et permet la viabilité d’un projet minier considérable (i.e., Stornoway). De plus, elle est un outil utilisé par la population pour faire valoir ses revendications auprès des autorités gouvernementales. En 1971, la population bloque ce segment routier pour revendiquer l’asphaltage de la route en gravier. En 2005, le blocage vise à contester l’avènement d’un nouveau régime forestier qui est perçu comme menaçant l’accès à l’approvisionnement forestier de l’usine de bois local.  

 

Référence 


 

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