Toute reproduction intégrale de ce texte est interdite. (L.R.C. (1985), ch. C-42)
Lors d’une Veillée allumée qui aura lieu au cégep de Chibougamau le 14 mai 2025, vous pourrez découvrir une exposition, conçue par la Société d’histoire, d’une vingtaine de photographies de la 3e rue de Chibougamau à travers les années. C’est l’occasion parfaite pour revenir un peu sur l’histoire de la « Main », dont le développement est intimement lié à celui de Chibougamau.
Le district du Chibougamau, comprenant l’actuelle ville et ses alentours, voit des prospecteurs arriver depuis la fin du XIXe siècle. Les deux guerres mondiales et le contexte économique des années 1930 font fluctuer les activités de prospection dans la région. Mais le district connaît une période d’intense activité à partir des années 1950 grâce à une véritable ruée vers le cuivre, minerai présent en grande quantité dans les sous-sols de la région. Témoins de cette effervescence, une route de gravelle est ouverte entre Chibougamau et le Lac Saint-Jean en 1949. Un an plus tard, on retrouve trois bâtiments le long d’un tracé qui deviendra la rue principale : l’hôtel Obalski, le bureau du ministère des Mines et un magasin général, l’Eastern Trader, tenu par le pilote Scotty Stevenson. Ce dernier emploie d’ailleurs la rue comme piste d’atterrissage, et il stationne son avion devant l’hôtel qu’il ouvre en 1953, l’hôtel Waconichi. Entre temps, un autre hôtel voit le jour, le Chibougamau Inn, qui existe encore aujourd’hui. C’est qu’il faut des chambres pour recevoir tous ces prospecteurs, bientôt suivis de leurs familles. Cela se reflète dans l’installation de d’autres commerces : Jean-Louis Lamontagne ouvre le premier marché d’alimentation de la ville, situé sur la 3e rue, et qui accueille au début les premières messes, faute d’église.
En 1954, Chibougamau obtient le statut de ville et le lieutenant-gouverneur de l’époque nomme le premier maire de la ville, Jean-Baptiste Laflamme. De nouveaux habitants continuent d’affluer, et la mine Campbell construit, pour une partie de ses employés et leurs familles, des maisons à l’extrémité nord de la 3e rue. Deux autres hôtels ouvrent leurs portes au milieu des années 1950, l’hôtel Chateau Gay et l’hôtel Monaco. On retrouve donc pas moins de cinq hôtels sur le site de la jeune ville minière !
Il faut dire que les hôtels sont les lieux de sociabilité en ville : on sort retrouver ses amis à l’hôtel où on danse jusqu’aux petites heures du matin. Alfréda Beaudoin, future gérante du Chibougamau Inn, disait d’ailleurs : « c’était rendu qu’on fêtait Noël à partir du 8 décembre jusqu’à Pâques. ». Monique Adams-Nadeau, quant à elle, joue du piano dans un orchestre qui joue dans les hôtels le samedi soir. Comme elle le dit elle-mème : « À Chibougamau, il y avait plus de monde dehors la nuit que le jour. Ça swinguait dans les hôtels. ». Quelques photographies nous sont restées de cette folle époque, que vous pourrez découvrir lors de notre exposition le soir du 14 mai 2025 au cégep de Chibougamau. On vous attend !
Photographies :
- La 3e rue dans les années 1960. SHBJ | P13-P33, S3, SS4, SSS25, D1, P10
- La 3e rue : centre des affaires, début des années 1960. SHBJ | P51, D1, P34
Sources :
- Témoignage d’Alfréda Beaudoin, SHBJ P99.
- Témoignage de Monique Adams-Nadeau, SHBJ P99.